HIVA OA – 7 > 12 mai 2013

Après trois semaines d’horizon rectiligne, les reliefs d’Hiva Oa nous plaisent tout de suite.

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 Nous louons deux petits 4x4 avec Cerise et Jo et partons en excursion à travers l’île. Une longue balade secouée nous amène dans les hauteurs.

Nous passons de la forêt fraiche et dense au littoral, aux découpes spectaculaires, plongeant dans des eaux profondes.

  découpes du littoral

Peu de plages de sable blanc mais de nombreuses criques bordées de pierres volcaniques.

Le vert des massifs montagneux s’oppose au rouge de la terre.

 vert et rouge

 Le plateau central d’Hiva Oa est recouvert d’une végétation inextricable. C’est au cœur de cette jungle que nous découvrons ensuite l’un des plus précieux sites archéologiques des Marquises, le Me’ae Iiopona.

 

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Le Me’ae était considéré comme l’espace sacré par excellence. Il était toujours « tapu », c’est-à-dire interdit ou réservé (surtout pendant le temps des rituels) à des personnes dont le mana* était très TAKAIIimportant. Les tiki sculptés dans la pierre volcanique qui se dressaient sur ces lieux, étaient sacrées au plus haut point et représentaient des personnalités prestigieuses qui avaient été élevées au rang d’ancêtres déifiés. On y rencontre, entre autres, Takaii, chef et grand guerrier réputé pour sa force. Haut de 2m35, il est le plus grand des tiki de Polynésie.

 

*Mana : Il s’agit d’un des plus importants concepts de la philosophie religieuse polynésienne. Toutes les subtilités de son application rendent sa traduction très difficile. Le mana était l’essence éminemment mouvante qui permettait au monde d’exister. La quantité de mana reçue à la naissance dépendait de l’acquis cumulé par les ancêtres. Ce mana assurait aux familles d’artisans-experts, de chefs, de prêtres et de guerriers, une suprématie réelle. Un chef important, possédant beaucoup de mana assurait, par cette force « vivifiante » qui émanait de lui, l’abondance des récoltes, le bien-être de son clan. Le mana d’un grand guerrier lui permettait de réaliser des actes prodigieux.

La nature est resplendissante. Nous rencontrons des chevaux à chaque virage, dont un apprécie particulièrement le goût de notre pare-brise. Nous nous arrêtons pour ramasser mangues et citrons verts. Au passage d’Atuona, l’unique village de la baie de Taaoa, nous tentons de faire des emplettes dont nous reviendrons quelque-peu bredouilles : quasiment pas de produit frais, pas de fruit, pas de légume et pour le reste, un produit sur deux est périmé. De surcroit, un jeune marquisien nous prévient que le congel du magasin est éteint la nuit… Et tout ça pour un prix exorbitant ! Bon ben, on va s’débrouiller avec ce qu’on a.

 

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Nous ne manquons pas d’aller rendre « visite » à deux artistes, français et belge, qui avaient choisi Hiva Oa pour leurs dernières années de vie. Dominant la baie, le petit cimetière d’Atuona abrite la tombe de Paul Gauguin, sous un frangipanier, gardée par sa sculpture de la déesse Oviri (divinité tahitienne dont le nom signifie « sauvage »). Le peintre résida de 1901 à 1903 sur l’île où il réalisa quelques-unes de ses plus belles toiles, empruntes d’une liberté devenue obsédante.

A quelques pas de là, celle d’un grand artiste en mal de tranquillité : Jacques Brel. Il vécut 3 ans dans ce petit village avant de s’éteindre en 1978. Lui qui chantait « …le temps s’immobilise, aux Marquises ».

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Coté ancrage, quelques péripéties ont ponctué notre séjour à Hiva Oa. Tout au fond de la baie de Taaoa, bien à l’abri. Nous avions mis 2 ancres (avant / arrière), comme tous les bateaux au mouillage l’avaient fait afin d’éviter* de la même manière qu’eux. D’abord, il nous a fallu repositionner plusieurs fois l’ancre arrière qui n’accrochait pas. Puis, de retour d’une balade, nous avons retrouvé des gens tirant sur notre ancre arrière afin de décaler Coco d’îles qui était venu effleurer un autre bateau. Leur action a déplacé cette ancre dans un grillage qui gisait au fond. Sans le savoir, l’ancre avant était également coincée dans ce même grillage. Résultat : il nous a été impossible de remonter aucune ancre. Marc a dû plonger pour déloger de son piège et replacer l’ancre arrière pour la nuit (dans une eau complètement opaque, sachant qu’il y avait des requins… Le danger, c’est justement quand ils voient mal… faudrait pas qu’il le prenne pour une otarie !). Le lendemain, plusieurs tentatives nous ont permis de décrocher l’ancre avant, en tournant autour de la chaine et en la tirant en arrière. Nous avons alors remouillé Coco d’îles un peu plus loin et face au vent. Face à cette situation, nos escapades ont plusieurs fois été remises à plus tard et même quand on partait, ce n’était pas sans craindre un carambolage dans la baie… Mais on n’était pas au bout de nos surprises ! En partant, le dernier jour, l’ancre arrière tenait tellement bien qu’on ne pouvait plus la remonter non plus… Elle était entièrement prise dans la vase. Une autre petite plongée pour Marc qui a dû la dégager à la main.

*Eviter (pour un bateau) : tourner autour de son ancre sous l’action des changements de direction du vent.

LES MARQUISES - 7 mai > 12 juin 2013


Nous sommes maintenant à 17 000 kilomètres de Paris et 12 heures de décalage horaire.

Les marquises font partie des cinq archipels qui composent la Polynésie française, avec les îles de la Société, Tuamotu, Australes et Gambier. Au total, 118 îles.

Polynésie française dans le pacifiqueplan 5 achipels de la polynésie

 

 

 

 

 

 

 

 

Les marquisiens, anciens ma’ohis, étaient les premiers habitants de la Polynésie. Ils vivaient là depuis 700 ans avant JC et ont ensuite colonisé les autres archipels. Ils sont souvent sculpteurs. Ils fabriquent 085essentiellement des tiki, sculptés dans du bois ou de la pierre, mais aussi d’anciennes armes de guerriers vraiment originales, des bijoux, des instruments de musique, des masques ou encore des objets représentants des scènes traditionnelles.

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La plupart des marquisiens sont tatoués. Hommes et femmes portent des tribals polynésiens. Ces motifs ancestraux, d’origine divine selon la légende, sont déjà à la mode en métropole depuis plusieurs années.

 

Ils circulent en voiture sur les îles les plus grandes, mais aussi à cheval. Beaucoup de chevaux sauvages vivent sur l’archipel. Quand un marquisien veut en dompter un, il lui « suffit » d’aller le chercher dans la nature. Ils montent leurs canassons à cru et les utilisent aussi pour aller chasser le sanglier avec des chiens.

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On ne peut pas séjourner aux Marquises sans se régaler de son fruit : le pamplemousse. Il est énorme et délicieux. Dès notre arrivée, Cerise et Jo nous font découvrir son goût si particulier : sans amertume, sucré et juteux. Il aura ensuite accompagné chacun de nos petits déjeuners ! La plupart nous auront été offerts par les marquisiens qui ont la chance d’avoir un pamplemoussier dans leur jardin.

 

TRANSPAC – 17 avril > 7 mai 2013


JOURNAL DE BORD

TRANSPACIFIQUE

Des Galàpagos aux Marquises

 

Mercredi 17 avril 2013

6 H 00 - Le soleil pointe le bout de son nez à l’horizon. Marc plonge pour finir de retirer les coquillages collés sur les hélices et les prises d’eau des embases avant le grand départ. Ces petits parasites réduisent considérablement l’efficacité de la propulsion et du refroidissement des moteurs.

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Il est tôt et le réveil est difficile après la journée d’hier, mais les rayons du soleil rasants se faisant déjà brillants, on est presque content d’être debout et de pouvoir admirer une dernière fois les rochers et les bateaux qui nous entourent sous cet angle de lumière unique et éphémère… sachant qu’on ne verra bientôt que de l’eau pendant presqu’un mois. Et puis, les fous et les otaries sont déjà en pleine activité autour du bateau. Ils plongent pour leur petit déj’. Seul leur style diffère. Les oiseaux nous survolent élégamment avant de se transformer en torpilles. Ils entrent dans l’eau dans un bref « plouf » et n’en ressortent qu’après cinq secondes, le gosier plein. Les otaries, elles, se prélassent sur le dos, nagent en se dandinant, regardent sous l’eau furtivement et ne plongent qu’en cas d’heureux hasard. Je les admire une dernière fois. Elles viennent flotter près de moi, l’air joueur. Elles sont vraiment excellentes. Je regrette de devoir les quitter...

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8 H 00 - Nous rangeons les derniers achats de fruits et légumes dans leurs filets. Marc attache notre énorme régime de bananes encore vertes. Et nous quittons la baie d’Isabela au moteur… D’après les fichiers Grib (météo marine), les voiles ne nous seront d’aucun secours avant ce week-end.

8 H 30 - Marc met ses lignes à l’eau. Une demi-heure plus tard : un thon rouge mord à l’hameçon. Au menu du jour : sushis et makis californiens pour ce midi et thon mi-cuit au graines de sésames pour ce soir.

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17 H 51 – Marc, qui est sur le fly, m’appelle : « Gaëlle, vient voir, une baleine !! »… Tout en appelant le reste de l’équipage, je choppe mon appareil photo et court sur le pont… « Oui ! là, un jet d’air ! » Puis, plus rien. On a beau regarder autour de nous, la mer est calme et rien ne bouge… Et, d’un coup, un gros bruit d’air expulsé me fait sursauter. Elle est derrière le bateau. Elle ressort à fleur d’eau par 2 fois et plonge en profondeur. Nous patientons sagement dans l’espoir de la revoir… Et elle réapparait de l’autre côté du bateau après quelques minutes… Le manège dure comme ça pendant ¾ d'heures, jusqu’à ce que le soleil orangé passe la ligne de l’horizon, nous suggérant ainsi de reprendre notre route.

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Photo dédiée à Yaya, qui aurait tellement aimé croiser une baleine lors de la transat…

Jeudi 18 avril 2013

L’année scolaire touche à sa fin. Nous avons récemment réaménagé les cours de Tom de manière à n’avoir à travailler qu’en période de navigation. Depuis notre départ de Panama, nous préférons planifier les cours de la semaine sur 6 jours plutôt que 4, puisqu’en mer tous les jours se ressemblent. Ainsi, nous passons de 3 à 2 heures de CNED par jour. J’ai également modifié la fréquence des matières de façon à ce que les dernières évaluations soient toutes terminées en même temps, dès notre arrivée en Polynésie. Nous pourrons ainsi, profiter de cette destination tant attendue en toute quiétude. La fin des cours pourra être étalée avec davantage de souplesse, puisque nous n’aurons plus de délai à respecter quant à l’envoi des évaluations.

Vendredi 19 avril 2013

Puisque nous vivons en autarcie et au rythme du soleil, nous gérons le décalage horaire tout en douceur. Chaque jour, nous enlevons 10 minutes à nos montres.

Concernant les quarts, notre rythme est pris : je fais le premier jusqu’à environ 1 h30, Marc prend la relève jusque vers 5 heures et Iris prend le dernier. Elle gère le lever des enfants pour que nous puissions nous lever naturellement. En général, une sieste s’impose dans la journée.

Samedi 20 avril 2013

12La vie en bateau a changé quelques-unes de nos habitudes. Le fait de n’approvisionner que toutes les 3 semaines, ajouté au plaisir de s’auto-suffire, nous pousse à fabriquer ce qui nous manque. Il faut dire aussi, que nous ne trouvons pas certains produits que nous affectionnons en bons gastronomes français, que nous sommes. C’est un peu chauvin mais on assume ! Ainsi, nous faisons nos 10pains et nos baguettes, qui nous rappellent avec plaisir la « Tradigraine » de notre boulanger préféré, puisque j’applique avec soin ses bons conseils et incorpore ses bonnes graines dans ma pâte. Les herbes aromatiques (persil, basilic, menthe…) sont toujours fraiches et à disposition dans nos jardinières. La charcuterie ? On oublie outre Atlantique, le jambon semble être du plastique ! Alors, pour agrémenter nos apéros, on fait sécher notre viande nous-même (ça ressemble à la viande de grison… Mmmh). Les produits laitiers, on en trouve un petit peu. Les yaourts sont vendus un par un, et coûtent cher. Alors, on les fabrique à l’ancienne. Pas besoin de yaourtière quand on a du soleil. Les noix de coco, on n’a qu’à se baisser pour les ramasser. On ne va quand-même pas s’en priver. C’est toujours sympa de croquer un bout de coco sur la plage mais on aime aussi en faire des gâteaux, des pina-colada ou encore des poissons à la tahitienne... Nous ouvrons la noix de coco pour en râper la chair. Marc la presse dans un linge pour en extraire le lait. Il est absolument divin… Incomparable avec le lait de coco que nous achetons en boite. La chair rappée se marie aussi à merveille avec le citron vert, l’ananas ou encore le chocolat pour en faire des gourmandises comme des muffins, des rochers ou des cookies. Comme vous l’aurez compris, le plaisir du voyage passe aussi par celui de nos papilles gustatives.

Dimanche 21 avril 2013

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Nous avons rattrapé la trajectoire des alizés. Nous trouvons enfin le vent qui nous permet d’avancer correctement. La mer, peu agitée, nous laisse le loisir de vivre normalement à bord.

Iris s’essaie à la pêche à la traine. A peine Marc eut-il eu le temps de lui expliquer les réglages qu’elle sent une touche ! C’est une dorade coryphène qui nous assurera 2 repas. Elle la vide, l’écaille et lève les filets. Elle nous en prépare la moitié à la tahitienne/coco pour ce midi et on fera l’autre moitié, grillée et accompagnée de bananes plantain, pour ce soir.

Ce matin, j’ai retrouvé un petit calmar dans ma douche ! C’est le troisième échoué sur le bateau depuis le départ. C’est marrant, durant la transat, c’était des poissons volants qui atterrissaient sur nos coques.

A maintenant 1000 kilomètres de toute côte, nous voyons encore des oiseaux autour du bateau, étonnant !

 

 

Lundi 22 avril 2013

La journée a mal commencé. En voulant préparer des yaourts, je me suis retrouvée à éponger tout le lait qui s’était répandu sur le sol et contre les meubles… Et bien entendu, sous les meubles. Eh oui, c’est ça aussi les joies de la navigation. La mer vous balade un peu dans tous les sens. J’aurais dû attacher ma casserole sur la plaque, puisque le vent a forci...

Mardi 23 avril 2013

Ce matin, une baleine a « craché » son air juste devant notre étrave tribord, à 5 mètres du bateau. Marc m’a appelée, mais j’ai juste pu voir une grosse tache dans l’eau. Elle nous a rapidement distancés.

Notre cadence est convenable. Nous avançons à 7/8 nœuds de moyenne. Mais on espère que la force du vent va se maintenir car nous avons cassé deux de nos chariots de grand-voile, il s’agit des attaches de la grand-voile au mât. Nous sommes maintenant contraints de garder 2 ris dans la grand-voile. C’est-à-dire qu’elle est et restera réduite jusqu’à l’arrivée.

Mercredi 24 avril 2013

Pêche : une dorade coryphène

Séance bricolage : Marc « Gyver » change l’élastique d’un des deux chariots de grand-voile. Il démonte la partie cassée de l’autre chariot et la sort de la partie voile. Après l’avoir percée et équipée de cordelettes, il la rattache à la partie du mât avec l’aide d’Iris. Evidemment, l’exercice est beaucoup moins simple qu’il n’y parait, perché sur le mât et balancé au rythme de la houle.

18Jeudi 25 avril 2013 

Pour l’anniversaire de Marc, les garçons lui préparent une surprise. Tom crée une carte d’anniversaire sous forme de livre biographique et Loann dessine une série d’aventures avec des requins, des orques et des calamars géants. Pour ma part, je lui prépare son dessert préféré : des choux à la crème. Loann aurait aimé souffler les bougies lui–même, mais aucun des deux n’en aura eu l’occasion car le vent les aura devancés. Les enfants ont bien sûr profité de l’occasion pour mettre la musique à fond et danser comme des petits fous dans le cockpit, sur le lazy-boy qui leur servait d’estrade !

Vendredi 26 avril 2013

RAS. Les jours se ressemblent tous. Où qu’on soit, le train-train quotidien existe : cned pour Tom, activités éducatives pour Loann, lessives, faire de l’énergie et de l’eau, préparer les repas, faire la vaisselle…

Samedi 27 avril 2013

Nous nous trouvons, ce matin, au beau milieu de l’Océan Pacifique. Cela fait 10 jours que nous sommes en mer et, si les conditions sont stables jusqu’à l’arrivée, nous verrons apparaître les terres de la Polynésie d’ici 10 jours. Depuis cette nuit, une houle s’est formée. Elle n’est pas très haute, mais nous bouscule davantage. Se déplacer sans se tenir devient périlleux. Le vent oscille autour des 20 nœuds. Malgré une grand-voile réduite depuis 4 jours, nous conservons une vitesse moyenne de 6,5 nœuds.

Qui a dit qu’on ne pouvait pas manger de raclette, perdus, tous seuls, en maillots de bain, par 29°c, à des milliers de kilomètres de toute terre ?! On va se gêner !!

Dimanche 28 avril 2013

Aujourd’hui : pas de cned, cool !

La tendance est aux projets. On pense à notre retour en France, qui approche et qu’il nous faut commencer à préparer. On fait des plans sur la comète. On estime, on calcule, on imagine… Plans professionnels, retour à l’école, vente du bateau, acquisition d’une maison…

Lundi 29 avril 2013

Le vent a tendance à ramollir… Pfff !

Mardi 30 avril 2013

Cela fait deux semaines que nous sommes en mer… Ca commence à faire long. On a tous envie d’arriver… Avec un peu de chance, on y sera dans une semaine.

Mercredi 1er mai 2013

Triste temps sur l’océan. L’horizon est tout gris à 360° autour de nous. Nous sommes réveillés au lever du jour par un grain. Il s’agit d’une zone de plusieurs kilomètres occupée par un nuage gigantesque en forme d’enclume pouvant atteindre quelques milliers de mètres de haut. Ce monstre, appelé cumulonimbus, est provoqué par la rencontre de masses d’air qui s’opposent : conditions chaudes et humides près de la surface, mais plus froides et sèches en altitude. La condensation cumulée ainsi formée devient trop pesante pour le courant ascendant et retombe, en quelque sorte comme une avalanche d’air et de pluie qui entraine de violentes turbulences atmosphériques. Concrètement, le grain provoque un vent désorienté (de 45 à 90°), violent (augmenté de 15 nœuds) et spontané accompagné d’une belle et longue averse. Evidemment, dans ce cas-là, le pilote automatique a tendance à démissionner (l’a rien dans les biscotos, c’ui-la !). On se retrouve donc à tenir la barre sous la pluie comme un pauv’malheureux pendant une demi-heure à une heure. L’incident se reproduira plusieurs fois, jusque tard dans la nuit. Voici donc la plus  « belle » journée de notre traversée.

21Jeudi 2 mai 2013

La mer s’est calmée et le soleil est revenu.

« Tzzz…zzz… » Le moulinet nous siffle à la rescousse pour remonter la proie qui a mordu au bout de sa ligne ! Le poisson est costaud et se bat pour retrouver sa liberté. Marc rame pour le ramener tout en douceur en veillant à ne pas casser le fil. Il s’agit d’un beau thon dodu de 13 kg.

 

 

Vendredi 3 mai 2013

Le vent tombe complètement ! On peut ranger nos voiles et allumer les moteurs…

 

Samedi 4 mai 2013

Certes le paysage est assez épuré et répétitif, en pleine océan, malgré les différents états de la mer. En revanche, chaque soir, le soleil nous honore de son coucher spectaculaire utilisant les nuages comme de nouveaux costumes.

 

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Inlassablement et sans complexe, la lune prend alors le relais et entre en scène en utilisant, comme projecteur, les rayons puissants de son concurrent pour nous épater.

Bien plus humbles, les étoiles restées en coulisses, brillent à leur tour investissant l’immensité du ciel noir, lorsque les 2 autres « stars » vont se montrer ailleurs…

Dimanche 5 mai 2013

Le vent nous a vraiment abandonné. La mer est plate. Il fait une chaleur écrasante. Et toute cette eau autour de nous… sans pouvoir en profiter… Mais pourquoi pas ?? Les conditions sont favorables. Tiens, d’ailleurs, la mer fait quelle température ? Whouah 30,2°c ! Impossible d’y résister. Les conditions sont sans danger. On éteint le moteur et on accroche une corde flottante à l’arrière de Coco d’îles qui n’est plus qu’un radeau sans ère. Le silence se fait entendre. L’eau est délicieuse. La sensation de se baigner dans le « Grand Bleu » est euphorisante. Nous nous sentons minuscules à la surface de cette immensité impressionnante. Les rayons du soleil pénètrent dans l’eau translucide. Nous pouvons voir nos pieds très nettement. Et après nos pieds ? Le bleu à perte de vue. Il est superbe, parfait et sans limite. Intérieurement, nous ne pouvons nous empêcher de penser au seigneur de ces lieux. Et le fait de ne pouvoir voir derrière ce bleu profond nous impressionne sérieusement. Une vraie expérience !

Lundi 6 mai 2013

Nous réitérons la baignade au cul du bateau. Le passage d’une méduse écourte et gâche notre béatitude… Iris, Loann et moi en avons subi la brûlure. Et le pauvre petit bout en gardera une belle trace boursouflée pendant plusieurs jours.

Mardi 7 mai 2013

Petit matin. Le démarrage du moteur bâbord (1 mètre derrière la cloison de notre cabine) me sort de mon sommeil. Je réalise quelques minutes plus tard, encore somnolente, qu’il est resté au ralenti. Je comprends… Nous arrivons au mouillage… Je bondis pour ouvrir les rideaux… Quel choc ! Terre !!! A quelques mètres seulement ! Après 3 semaines au milieu de l’eau à perte de vue, les images de ces montagnes, cette végétation luxuriante, ces bateaux, me boulversent. Après mon quart, cette nuit, je n’ai pas vraiment réalisé qu’on serait arrivé à mon réveil. Deux sentiments s’opposent dans mon cœur : le fort regret de n’avoir pas demandé à Marc de me réveiller à la vue des terres à l’horizon et l’émerveillement devant ce décor qui dépasse toutes mes attentes. Finalement, la surprise n’en a été que plus belle ! « Mille sabords ! C’est pas vrai, on est en Polynésie !!!!!!! »

Arrivée

Les yeux encore mi-clos, je sors rapidement retrouver Marc et les enfants sur le fly. Et comme si mon cœur n’était pas encore assez ébranlé, alors que j’ai encore du mal à réaliser, je vois Cerise et Jo, sur le pont de leur bateau, avec leurs enfants… Tous là pour nous accueillir ! Quel plaisir de les retrouver !

Accéder à la galerie photos complète de notre traversée du Pacifique

EN SELLE POUR DECOUVRIR ISABELA - 14 > 16 avril 2013

raie manta

Notre arrivée à Isla Isabela, la plus grande île des Galàpagos est escortée, cette fois, par de majestueuses raies manta. La première que nous croisons doit faire dans les 4 mètres d’envergure. Elle reste là, à la surface, l’air paisible. Seules les extrémités de ses ailes sortent de l’eau de temps à autre. Elle ne semble pas effrayée par le bateau, ni même par ses moteurs. La mer est belle, ce qui nous permet de la voir très nettement. Nous distinguons parfaitement la forme de ses « mandibules ». A la cinquième raie rencontrée, Iris et moi descendons dans le bleu afin de les observer sous l’eau. Nous palmons de toutes nos forces pour la rattraper mais les mouvements lents et gracieux de ses puissantes nageoires sont bien plus efficaces. Iris a juste le temps de la voir changer de direction devant elle.

 

ballade à vélo

 

iguane terrestretortue et tom

 A terre, nous partons découvrir la belle Isabela. C’est à vélo que nous traversons le village et longeons le bord mer, où les vagues déferlent quatre par quatre, pour arriver dans le parc national. Nous croisons de nouveau une grosse tortue qui a droit à un gros câlin de Loann, ainsi que de beaux spécimens d’iguanes terrestres dont la taille des pattes griffues ne laisse pas indifférent ! Un vieil escalier de pierres nous mène à un joli point de vue de l’île. Nous continuons jusqu’au « mur des larmes ». Un mur de pierres empilées haut de 5 mètres, presqu’autant de large et long de 100, qui avait été construit par les prisonniers du pénitencier pendant la seconde guerre mondiale… pour les « occuper ».            

 

 

Le lendemain, c’est à cheval que nous partons en excursion jusqu’au volcan Sierra Negra. L’un des plus actifs de l’archipel. La dernière éruption date d’octobre 2005.

 

 

balade a cheval 1

balade a cheval 2

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La caldeira est immense. Son diamètre est de 10 kilomètres et sa profondeur en fait 2.

 

 caldeira

 

A partir de là, nous laissons les chevaux se reposer pour aller traverser le paysage noir des coulées de lave, à pied.

 

coulée de lave noirtunnel de coulée de lave 

 

 

 

 

 

 

 

 

L’atmosphère qui y règne (lorsqu’on laisse le groupe s’éloigner) est un peu morbide. Plus un bruit n’est audible, car aucune vie n’existe dans cet environnement hostile.

 

paysage austère 

 

Les cheminées hautes en couleurs sont impressionnantes et superbes.  

 

sommet du volcan

superpostion de couleurs

 

cheminée 2 

 

cheminée

 

 

tom a chevalbisous de loann à caramelo

 

 

 

 Tom était ravi de retrouver des copains qu’il s’était fait aux Perlas et aussi, de pouvoir monter un cheval, et non un poney cette fois ! Loann a assuré comme un grand. Il a tenu pratiquement les 2H30 de marche à travers les cratères et les 2H30 à cheval (aller-retour). il a monté Caramelo avec maman mais c’est lui qui tenait les rênes !


 

 

 

 

 

Accéder à la galerie photos complète de notre escale aux Galàpagos

COUP DE COEUR AUX GALAPAGOS – 11 > 13 avril 2013

Quand nous arrivons sur la côte d’Isla San Critobal, une des îles des Galápagos, l’accueil est plutôt inhabituel… Nous sommes grisés de voir de jolies petites otaries sortir leur tête de l’eau avant de plonger, certainement en quête de poissons ! Arrivé au mouillage, on les voit partout. Elles s’affalent au soleil sur les plateformes flottantes ou sur les rochers… Et ne se privent pas des jupes-arrières des bateaux amarrés.

 

ponton otaries

 

D’ailleurs, vers 3 heures du matin, réveillée par les cris d’une de ces gentilles otaries marchesbêtes, je me lève en espérant pouvoir l’approcher, pensant qu’elle est montée sur la marche… Mais, je comprends vite qu’elle est carrément entrée dans le cockpit ! Je vais vite chercher Marc et, Iris, qui l’a grillée aussi, va réveiller Tom.

Elle, enfin plutôt il (vu la corpulence), est allongé sur le lazy-boy, la tête sur l’oreiller !! Aotaries rochersssez grand, il a réussi à passer par-dessus les filières. Mais malgré son agilité, ça lui a été difficile de se réceptionner sans bruit sur le gelcoat résonnant du bateau.

Complètement séduits par son audace et ses « Wouh… Wouh… », nous passons plus d’une heure avec lui. Il se laisse approcher mais pas trop. Il tente de nous intimider à coup de gueule et ça marche. Il se rallonge, en soufflant, l’air de dire « vous voulez pas me laisser faire ma sieste, maintenant ? ». Il se relève d’un bond, dès que l’un d’entre nous bouge trop otarie lazy boyvite, nous montrant qu’il est sur le qui-vive.

Il se gratte le ventre avec sa nageoire postérieure tel le ferait un chien… D’ailleurs, il a tout du chien : le regard, le museau, les moustaches, et même le son qu’il émet fait penser à l’aboiement.

Une autre, plus petite, s’est limitée à la marche arrière de Coco d’îles. Elle a réussi à se trouver une place malgré l’échelle de bain qui la gène clairement.

Bon ok, et maintenant, comment fait-on pour le déloger ? Impossible de le porter. Sans parler du poids, on ne voudrait pas se faire mordre… Et puis, y a pas vraiment de prise sur son corps tout luisant et sans réel membre. Contre toute attente, il aura suffi à Marc de l’acculer derrière le couvercle d’une boite en avançant jusqu’à la filière qu’il aura fini par franchir, tout en rallant pour exprimer son fort mécontentement.

 

tortue géanteLes îles Galàpagos sont connues pour leur faune et leur flore préservées. Leurs tortues terrestres géantes, les plus emblématiques de l’archipel, leurs ont même donné leur nom. Les premiers colons espagnols auraient trouvé que la forme de leurs carapaces rappelaient les selles d’équitation : ”galapagos” en espagnol. Ils montaient carrément ces pauvres animaux et n’auront pas été les seuls … L’équipe de Cousteau ne s’en est pas privée non plus dans le reportage « le monde du silence » ! Il s’agit de l’espèce la plus grande du monde. Elles pèsent dans les 220 kg (record : 422 kg !), mesurent tortue, marc et loannenviron 1m20 et on estime leur durée de vie entre 150 et 200 ans ! Leur espèce portent le nom de « éléphantus » à cause la taille de leurs pattes. Celles à qui nous allons rendre visite, font partie d’une des dix sous-espèces endémiques des Galàpagos. Elles ont entre 50 et 100 ans et sont déjà impressionnantes. Il en existait une sous-espèce très haute dont la carapace était très bombée. Malheureusement, il nous est impossible de la voir car le dernier de son espèce, George, s’est éteint l’année dernière (j’ai lu, plus tard, que 17 tortues géantes sauvages, génétiquement proches, auraient été trouvées sur l’île Isabela, une autre île des Galàpagos). Si elles étaient plus hautes que leurs congénères, c’est parce que leur environnement les contraignait à se nourrir de plantes et de cactus plus hauts à attraper.

 

jeu d'otarieLors d’une excursion marine, nous pouvons aussi voir des fous aux pattes bleues et des frégates, dont les males gonflent leur goitre comme un ballon tout rouge pour séduire les femelles. Iris, Tom et Loann ont la chance de voir, sous l’eau, des iguanes de mer y entrer et nager. Marc et moi, qui les rejoignons, avons l’immense bonheur de croiser une otarie qui vient vers nous immédiatement. Pendant plus d’une demi-heure, nous pouvons jouer avec elle. Elle plonge et nous tourne autour et dès qu’on entre dans son jeu, elle réagit et se déhanche comme pour otarie et gaellenous inviter à danser. Elle ne nous lâche pas du regard. Elle s’écarte pour mieux revenir face à face et au dernier moment, à quelques centimètres de notre nez, elle bifurque en simulant un petit « gnak ». L’interactivité est incroyable. Elle est vraiment attachante. Quand il faut rejoindre le bateau, je n’arrive plus à la quitter. Elle me suit un bon moment et comprenant que le jeu est fini, elle s’en va. Je suis sous le charme. Je viens de vivre un des plus beaux moments de ce voyage.

 

léon dormidoPlus tard, pendant notre plongée au pied du rocher « Leon dormido », nous sommes entourés de requins des Galàpagos (présents uniquement dans cette zone précise du monde), de petits requins marteaux, de tortues, de raies aigles... Les requins sont petits (maxi 2 mètres) et semblent tout à fait inoffensifs mais quand on les voit en banc, ça a son effet. Descendus à 20 mètres de profondeur, nous les observons déambuler lentement au-dessus de nos têtes, dans la lumière du soleil. Et dans la passe, avançant à contre-courant, nous les croisons à notre niveau. requinCertains passent plus ou moins proche de nous. Ca fait bien trente minutes que nous voyons des requins dans tous les sens, quand mon instructeur me fait signe de regarder derrière moi… et quand je me retourne, je tombe presque nez à nez avec une otarie qui arrive à pleine allure. Je vous laisse imaginer ce que j’ai cru voir débouler sur moi ! Cette coquine m’a foutu la trouille !! Mais elle est immédiatement pardonnée… Comment résister à cette bouille de fripouille qui respire la joie de vivre et l’insouciance ?

 

Dans la baie où nous sommes amarrés, comme sur la jetée au bord de la ville, les otaries squattent partout. Elles sont ici en liberté et protégées. Nous sommes chez elle. Elles investissent les rochers et les plages la journée mais préfèrent les trottoirs et les bancs publics la nuit ! Et gare à celui qui dérange la sieste de ces dames ! Elles font leur loi et n’hésitent pas à grogner en montrant leurs crocs pour mettre en garde. Les petits sont trop choux à téter leur mère à la manière de Maggy Simpson avec sa tototte. Elles sont toutes avachies sur le ventre comme sur le dos. Elles semblent heureuses. Il faut dire qu’elles savent profiter de la vie !

 

 bébé otarie tétant sa mèreotarie sur les bancsportrait otarie marche

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