La traversée

… 45 minutes après notre départ, le pilote nous lâche ! C’est raté pour cette fois, on fait demi-tour pour tenter de le réparer, retour au mouillage pour la nuit.

Nous sommes (finalement) partis de Gran Canaria, aux Canaries, le 18 décembre direction la Martinique !

C’est parti pour la grande aventure… Traverser l’Atlantique à la voile tous seuls !

3000 milles nautiques (5500 km) sans voir terre…

Et 5000 mètres de fond sous nos coques !!

Départ sur les chapeaux de roues, avec 40 nœuds constants pour la première journée, et des rafales à 47 nœuds, ça annonce la couleur !! Nous avançons à 10 nœuds, avec des surfs à 17,5, à ce rythme, on arrive demain aux Antilles !

Le vent venant d’est, et dans la mesure où nous ne pouvons pas naviguer pile vent arrière, nous sommes obligés de tirer des bords (zigzaguer), ce qui nous rallonge en distance à parcourir. L’avantage, c’est qu’avec 25 nœuds de moyenne durant toute la traversée pour nous pousser de l’autre côté, on a une bonne cadence.

A travers les récits qu’on en avait eu, la transat’, c’allait être cool, un vent doux et constant, une mer calme, des dauphins et des baleines pour nous accompagner pendant nos quarts de nuit, et des journées à bronzer…

Pour nous, ce fût un tout autre programme !

La transatlantique aura rimé avec mer agitée, des heures vaines à guetter les baleines qui se seront obstinées à jouer à cache-cache, le premier ris qui aura lâché au bout d’une semaine, et un vent qui n’aura faibli que trois jours sur toute la traversée… Les quarts de nuits, au lieu d’être reposants, auront été musclés tout comme nos bras à la fin de la transat’ à force de tenir la barre des heures durant puisque le pilote, impressionné par le vent, aura démissionné dès le premier jour !

Finalement, on ne s’en sort pas si mal pour des apprentis marins !

A défaut de baleines, nous auront été convoyés par les poissons volants, qui jouaient à «saute Coco d’îles » toutes les nuits ! Suite à un pari avec ses potes, un d’entre eux, aura visé juste pendant le quart de Julien, qui, aura été touché en pleine tête ! Chaque matin, c’est Loann qui était ravi d’aller récupérer ceux qui s’étaient échoués sur le bateau pour les jeter à l’eau !

 

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A partir de la deuxième semaine, le soleil finit par percer les nuages, et les bikinis sont de rigueur, mais, comme une bonne nouvelle n’arrive jamais seule, le dieu de la mer, très certainement grâce à l’offrande de Julien, nous offre de fréquents lavages de bateau, sous forme de grains (grosses averses accompagnées de fortes rafales de vent), qui pimentent un peu plus nos quarts de nuits. C’est le jeu ma pauv’ Lucette ! Comme vous pouvez le constater, le radar nous permet de voir arriver les grains et de pouvoir s’y préparer.

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Photo de gauche : grain représenté par des taches jaunes sur l'écran du radar

photo de droite : grain "en vent et en eau"

 

 

 

La troisième semaine est témoin de notre avancée vers les Antilles, il fait de plus en plus chaud, le jour comme la nuit. L’avantage, c’est que les quarts sont plus doux. L’écran total est désormais de rigueur tant le soleil est brûlant, même si nous avions bronzé progressivement.

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Ça fait drôle de voir le tracé du parcours de Coco d’îles à travers l’océan sur la carte de navigation, on est pratiquement arrivé, nous faisons sans doute nos derniers quarts. Habitués à voir la mer, la mer et rien que la mer, ça fait bizarre de se dire qu’on va revoir la terre, les gens et tout et tout, mais on a hâte d’y être.